Tout d’abord je souhaiterais juste rappeler que chaque deuil est unique, chaque parcours, chaque travail de deuil ne se ressemble pas. Les étapes/modèles que je vous présente ne sont pas là pour vous enfermer ou vous obliger à suivre un chemin définit. Ils sont là pour vous aider à comprendre et peut être à vous rassurer sur ce que vous traversez.
Modèle de KUBLER-ROSS
Nous avons tous plus ou moins entendu parler du modèle de “référence” du deuil, avec les 5 étapes (modèle de Kubler-Ross). Celui-ci est, depuis de nombreuses années et dans de nombreux médias voire formations, relayé. Alors que celui-ci est pourtant faux !
Faux, j’exagère un peu. En réalité, il n’est pas utilisé de la bonne manière. En effet, les recherches, ayant donné lieu à ces étapes, ont été réalisées sur des personnes apprenant qu’elles allaient elles-même mourir. Donc à des personnes qui vont devoir faire face à leur propre mort et traverser différentes émotions/stades. Et cela est bien différent que de gérer la mort de l’autre.
Alors évidemment dans le modèle de Kübler-Ross il y a des choses que l’on retrouve dans les processus de deuil comme les émotions de colère, de tristesse, etc. Mais ce n’est pas suffisant à mon sens; voire cela peut être culpabilisant et stressant de se référer à ce seul modèle.
De plus, Élisabeth Kübler-Ross précise que ce n’est pas un guide à prendre au pied de la lettre avec une temporalité exacte, mais bien un outil afin d’affronter au mieux ce moment de vie très particulier, qui est l’annonce de sa propre mort.
Modèle de Christophe FAURE
Si ce modèle n’est pas le plus adapté, sur quoi peut-on alors se reposer ? Tout d’abord, il est important de souligner que chaque deuil est unique, chaque deuil sera vécu différemment et que ce parcours n’est pas linéaire. Il ne s’agit donc pas de modèle à suivre, à calquer et à instrumentaliser aux dépends des endeuillés.
Cependant, le Dr Christophe Fauré, à partir de ses nombreuses années de pratique en tant que psychiatre auprès d’endeuillés, a relevé plusieurs moments dans le processus du deuil. Ces étapes sont au nombre de 4.
Phase 1 – le choc et la sidération : Malgré une possible préparation à la mort, celle-ci reste toujours brutale. En effet, face à cette effraction psychique (la mort de l’Autre) le cerveau réagit et pour se protéger il peut mettre l’endeuillé en état de sidération. L’endeuillé sera alors en pilotage automatique. L’intégration de l’information peut être longue (plusieurs semaines). Durant ce temps la mémoire peut alors faire défaut, les prises de décision sont compliquées, les priorités sont décalées. Le cerveau de l’endeuillé va agir afin de le protéger au mieux, et cela est propre à chaque situation. Selon si il y a traumatisme ou non et selon la nature du lien qui unissait le défunt à l’endeuillé.
Phase 2 – la fuite et la recherche : C’est une phase où l’endeuillé va chercher tout ce qui peut « maintenir vivant » le mort, tout en fuyant la souffrance. Il peut donc s’accrocher aux vêtements, écouter sa messagerie vocale, regarder constamment des photos ou des vidéos du défunt, etc. Cela peut également passer par l’effet inverse, c’est-à-dire jeter tout ce qui touche au défunt par exemple. C’est une façon de ne pas s’effondrer même si cela peut paraître bizarre à l’entourage. Ce comportement est tout à fait NORMAL. Et il est important de ne pas juger l’endeuillé sur ses actes tant que ceux-ci sont bénéfiques pour lui.
Phase 3 – la déstructuration : Cette étape arrive plusieurs mois après le décès et est très difficile. En effet, l’endeuillé va connaître un vécu dépressif. Tous ses repères sont chamboulés d’autant que le soutien autour de lui s’est réduit. De nombreux symptômes peuvent apparaître comme des troubles du sommeil, de l’alimentation, de la concentration, des idées suicidaires, de l’apathie. Il est parfois nécessaire de se faire aider par des professionnels qualifiés et de continuer à entourer l’endeuillé.
Phase 4 – la restructuration : L’endeuillé arrive petit à petit à redéfinir son rapport/son lien au défunt. Ainsi qu’à tout son monde et son rapport aux autres. Le lien avec le défunt se vit à l’intérieur et n’est plus recherché à l’extérieur de soi.
Il y a des jours ou cela pourra aller et d’autre où l’endeuillé sera au fond du seau. C’est un va et vient entre les victoires et le manque du défunt qui revient toquer à la porte. La culpabilité d’allez mieux peut également être présente et cela est normal.
Ce qu’il est important de comprendre dans l’élaboration de ses étapes par le Dr Christophe FAURE, c’est que ses travaux sont construits sur la conviction intime que les endeuillés possèdent d’incroyables ressources en eux pour surmonter cette épreuve. Il ne renie en rien les difficultés liées au processus et au travail du deuil. Bien au contraire. Mais il a la conviction intime et profonde que ça ira. Ça prendra le temps et les moyens qu’il faut, mais ça ira. Son modèle est donc à mon sens très réaliste. C’est à dire qu’il ne tente pas de cacher les moments difficiles, mais il est porteur d’espoir.
Modèle de Lois TONKIN
On peut évoquer un autre modèle mis en valeur par Lois TONKIN dans un article (cf ce lien). Lois TONKIN était une écrivaine et une conseillère et éducatrice sur les sujets de la perte et du deuil. Son postulat de base est que le deuil ne se réduit pas avec le temps. Qu’il est toujours là, toujours le même, mais que des moments de bonheur vont se coller à lui, vont l’entourer. Et ce sera donc notre vie qui va grossir autour de ce deuil. Le deuil fera donc partie de nous à vie et il faudra donc vivre et évoluer avec celui-ci.
Le chemin du deuil est un chemin sinueux, qui parfois va faire des détours, et va finalement plus ressembler à un trek en montagne durant un blizzard qu’à une promenade du dimanche dans une forêt. Mais sur ce chemin vous pourrez aussi avoir des éclaircies, des rencontres merveilleuses, des moments de repos, une brise douce. Alors n’hésitez pas à prendre le bâton qu’un promeneur vous tend pour marcher, une main pour vous relever, une parcelle de mousse pour vous reposer. Car chaque petit soutien sera le bienvenu et sera nécessaire.
Ne pas culpabiliser, chacun a sa manière de rendre hommage ❤️Merci pour ton article 🥰
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